Royaume de Dieu

Faire irruption et montrer la voie tel un avant-goût de ce qui nous attend, oui. Mais cela ne dédouane aucunement d’une véritablement transformation intérieure afin de préparer le terrain, afin « d’aplanir les sentiers », de les « rendre droits ». Le Repentez-vous ! de Jean Le Baptiste doit être entendu et vécu dans sa totalité afin de faire Royaume de Dieu en soi. Il s’agit d’un changement radical, pas extérieur mais bien intérieur. Cette repentance on veut bien l’écouter mais dans l’absolu, la vivons-nous ? Absolument pas. Elle reste tel un choix non consumé, et nous avançons en tant que chrétien ou autre.

Mais avancer ne signifie pas « aplanir », et encore moins « rendre droits ». « Aplanir » signifie travailler en soi pour laisser libre la voie à Dieu. Et pragmatiquement, nous vivons bien loin de cette réalité. A des millions d’années lumière j’ai l’habitude de dire. Cela reste vrai. Nous vivons ou survivons assujettis à des Puissances et ces Puissances font loi. Mais attention, ces Puissances ne sont, pour l’instant, aucunement et uniquement extérieures à nous. Elles font partie de nous, en les acceptant diriger nos vies, nous les nourrissons, en les nourrissant, nous leur laissons place en nous : elles deviennent modalité de vie, routine, habitudes, confort psychologique… Elles ne sont pas nous, dans le sens de Créatures créées par Dieu, mais nous en devenons un pantin inconscient.

Non, les voies ne sont pas « aplanies ». Pragmatiquement, ces Puissances en nous que nous accueillons nous détournent systématiquement de notre travail d’aplanissement. J’appelle cela les feux de brousse continus de notre construction intérieure qui nous détournent d’une autre réalité possible, celle d’un Dieu très proche. Non, le neuf (son Royaume) ne peut ni ne sait cohabiter avec l’ancien, bien malheureusement trop présent en nous (les Puissances).

Faire irruption pour transformer chaque être humain, oui. Faire irruption pour changer chacun d’entre nous à coups de baguette magique, je ne crois pas. Transformation intérieure et non changement magique. Car pragmatiquement, ces Puissances sont millénairement bien implantées ! Et très subtiles, elles reproposent un soi-disant neuf avec leur ancien camouflé… Et l’Homme s’y engouffre encore et encore, encore et encore, tout en pensant être proche de Dieu ! En relation peut-être mais proche non, j’en suis bien désolé. Et pourtant, un seul regard lucide sur notre environnement relationnel proximal (en tension ou en conflit selon des intensités différentes) ou sur notre environnement plus distal (en phase de domination ou de guerre) pourrait être l’un des possibles points de départ pour accepter d’« aplanir » ce que nous croyons être…

Oui, nous sommes bien loin du Premier commandement, celui qui « gère », qui est censé dicter notre relation à Dieu : « Je suis le Seigneur/l’Éternel, ton Dieu, Tu n’auras pas d’autres dieux, face à Moi ». Et pourtant ces Puissances (auxquelles nous y voyons que du feu pour l’instant encore) sont bien face à Lui. Je parle ici « face à Lui en nous ». L’ancien est face au Neuf en nous. Pourquoi Dieu ferait du nouveau sur de l’ancien ? Dieu nous accepte totalement tels Ses enfants (chacun d’entre nous tels que nous sommes sans juger le bien ou le mal que nous aurions fait) mais cela ne signifie pas que nous sommes guéris des Puissances. En réalité, nous ls nourrissons encore par nos actes et paroles (c’est bien ça que « pragmatiquement » veut dire). Cela ne signifie pas qu’Il va soudainement construire un bien joli neuf (Lui-même) avec ou sur cet ancien bien présent. Car ces Puissances sont nos Dieux, pour le moment encore. Ce n’est que très rarement (généralement lorsque nous y sommes poussés) que nous Lui faisons totalement confiance. Le reste du temps, selon une mécanique duelle contraire à notre cœur, nous sommes dans l’idolâtrie de notre propre construction.

Et la bonne nouvelle dans tout ça ? La réponse est dans le Christ. Le Christ est la réponse. Et son message est une très bonne nouvelle. La Bonne Nouvelle. Il nous dit par sa résurrection que ces Puissances en nous n’auront pas le dernier mot. Oui, c’est bon de savoir ça, même « très bon » ou « une très bonne chose » en faisant un écho lointain (ou non) à ce texte de la Création en Genèse 1:31. Et je m’avance peut-être en inspirant en moi et soufflant autour de moi que ce futur (« elles n’auront pas le dernier mot ») peut se conjuguer au présent ici et maintenant. Oui sans attendre, seul et ensemble, travaillons en vue de faire de cette exhortation une réalité :

« Préparez le chemin du Seigneur,

rendez droits ses sentiers !

(Matthieu 3:3, Nouvelle Bible Second)