3. Pourquoi le monde est-il si beau ?

Comme si la nature restait centrée et axée. Elle ne possède pas les moyens de dévier de la trajectoire par elle-même. Un escargot est et restera un escargot. Il n’a pas la capacité de dépasser sa condition. L’évolution naturelle, sous la pression d’éléments extérieurs, pourrait l’amener à devenir un escargot plus petit, ou plus gros, ou un escargot qui a moins besoin d’eau, etc, mais pas de dépasser sa condition d’escargot. Mais c’est aussi pour cela que Dieu ne peut pas s’incarner complètement dans la nature. La nature n’a pas les capacités suffisantes pour recevoir toutes les capacités divines.

Seul l’homme possède l’intelligence et la pensée, seul l’homme possède la parole pour exprimer sa pensée. Ces dons sont nécessaires pour permettre l’incarnation de Dieu. Malheureusement, comme tous les outils, ils potentialisent le meilleure comme le pire. Dieu a créé un être doué de parole car c’est par le verbe que le pouvoir créateur divin s’exprime. Dieu a créé un être doué d’intelligence car elle est nécessaire pour utiliser le verbe. Que serait-il possible de verbaliser sans l’intelligence ? L’intelligence, la pensée, le verbe...

L’homme a les capacités de dépasser sa condition. C’est d’ailleurs son dessein. D’animal parmi les animaux, il doit devenir incarnation de Dieu. Il doit pouvoir, via ses capacités, fusionner avec l’esprit divin afin d’en devenir l’expression dans la matière.

Mais qu’a fait l’homme des dons de Dieu ? Les a-t-il utilisés pour infuser le souffle divin à un stade ultime permettant à Dieu de s’incarner ? D’animal, il est devenu homme. Mais au lieu de continuer sur sa lancée, il s’est perdu en chemin. Il s’est coupé peu à peu du souffle divin qui devait le guider et à utiliser son intelligence, sa pensée et son verbe pour créer son propre monde. Il a dévié de la trajectoire qui devait permettre l’incarnation de Dieu dans la matière. Il a pris une mauvaise route. Le fait est qu’aujourd’hui l’homme est dans une impasse.

Car cette déviation a créé un monde chaotique et rempli de souffrance : la souffrance des hommes perdus. La souffrance des hommes qui errent dans un monde qui n’a plus de sens. L’homme a créé un monde malade. Et Dieu est bien conscient qu’il lui sera impossible de s’incarner dans ces hommes malades. Non seulement, l’homme s’est perdu sur son chemin, mais en plus, il a emprunté une voie sans issue, c’est à dire une voie qui ne peut le mener à sa destination. Si l’homme persiste dans cette voie, il ne pourra jamais dépasser sa condition actuelle.

La seule issue consiste à faire marche arrière afin de revenir à un croisement et ainsi avoir la possibilité d’emprunter une nouvelle voie. Cette marche arrière signifie se défaire de tout ce qu’il connaît, de tout ce qu’il a créé, pour laisser la place à d’autres possibles. Ainsi peut-être, si par ce dépouillement, l’homme se reconnecte à sa lumière intérieure, saura-t-il trouver le chemin de sa transcendance ? Le bon chemin, celui qui mènera vers l’incarnation de Dieu dans la matière.